14 décembre

Cette nuit il a soufflé des bourrasques énormes de vent, qui m’ont fait me sentir minuscule dans ma tente, tremblant de tous côtés. La pluie faisait un bruit bizarre sur la tente, alors j’ai jeté un œil dehors et en fait il tombait un mélange de grêle/neige ! D’ailleurs ce matin ma tente est entourée d’amas de neige, et les montagnes autour sont recouvertes d’un voile blanc. Le vent glacial d’hier était vraiment glacial, et il a dû sacrément peler pendant la nuit. Dire que j’étais encore sous le cagnard en partant d’El Medano.

Je décolle tard le temps que le soleil se pointe et me réchauffe. Je croise un puesto où je me fais encerclé par 5 ou 6 chiens. Ils gueulent fort, mais ils sont bien moins impressionnants que des patous des Pyrénées, je prends même pas la peine de les tenir à distance avec mes bâtons. L’arriero sort alors du puesto pour dire bonjour et papoter un peu. C’est la première fois que je parle avec un arriero d’ailleurs. Je lui explique ce que je fais, et j’ai l’impression qu’il me propose de rentrer manger un bout. Mais je ne suis pas sûr d’avoir bien compris, alors pour ne pas le mettre mal à l’aise je tourne autour du pot en attendant qu’il me relance. Mais non, du coup je continue ma route.

Des hauteurs blanchies par la neige fraiche
Un puesto en chemin
Le volcan San Pedro (3621m)
Des arrieros se rendant aussi à Carrizales

Je passe ensuite dans un petit hameau de colons, où je me crois au Far West, j’hallucine complet ! Les mecs sont tous à cheval, look cowboy (jean, chemise à carreaux, chapeau) en train de traîner des vaches ou des chevaux. Les maisons c’est style « la petite maison dans la prairie », et le chemin tout aussi poussiéreux que dans mon imaginaire.

Peu après, j’arrive au « cœur » du village de Carrizalès, qui se trouve être 3-4 maisons qui se battent en duel. Il devait y avoir un minimarket ici !! Je fais comment, je n’ai plus aucun ravitaillement avant 8 jours et je dois avoir 4-5 jours sur moi. Je continue ma route en réfléchissant, mais fais finalement demi-tour pour aller me renseigner. Dans une des maisons, je vois une famille en train de mater la TV. Je les appelle et demande où je peux acheter de la bouffe dans le coin. Une des filles va alors m’ouvrir une cabane en tôles dans le jardin, où je découvre un micromarket ! Incroyable. Je ravitaille comme je peux pour tenir 8 jours, surtout que -miracle- il y a des flocons d’avoine ! J’ai du lait en poudre et du sucre, je vais pouvoir me faire un petit dej comme à la maison !

Puis au moment de partir le papy m’offre une bière ! Purée je n’ai pas pu en boire depuis Los Quenes ! Pas de paysage ouf aujourd’hui, mais c’est pour cet enchaînement de situations et de rencontres incroyables que j’adore partir à l’aventure dans des environnements et cultures différents. Je repars avec une grosse banane… mais avec un sac chargé qui me pousse à m’arrêter rapidement, à un super spot de bivouac. Quelle journée !!
Par contre je n’ai capté ni à la Mina, ni à El Medano, ni ici, donc j’espère capter à El Roble pour pouvoir recevoir l’alerte volcan de Jul et Stephanie…

Bivouac face au volcan San Pedro