22 mai

Heureusement que j’ai dormi dans le bothy cette nuit, parce qu’il a bien plu et il continue à pleuvoir ce matin. Je discute avec Graham, qui me pose plein de questions sur la Catalogne quand il apprend que je suis de Perpignan. Il a été choqué par les violences policières lors du référendum d’autodétermination, puis par la répression judiciaire et politique qui se poursuit depuis. La conversation est très agréable. Je me fais la réflexion que sur ce sujet, le dialogue est généralement plus ouvert avec les étrangers, non imprégnés de jacobinisme français. Graham me dit aussi qu’il a des problèmes de genou qui l’empêchent d’aller trop vite. A la vue de mon sac, il se dit qu’il devrait peut-être songer à alléger son matos pour soulager ses genoux…

Le bothy Schoolhouse, mon préféré de tous ceux que j’ai pu visiter

En chemin je croise un bothy d’où une nana part juste quand j’arrive. Je fais une courte pause pendant que la pluie tombe, puis la rattrape peu avant Oykel Bridge. Elle est étonnée quand je l’interpelle : « Hanna ? ». J’avais vu son nom dans le livre d’or du bothy Schoolhouse 🙂 On discute tout en marchant, et on s’installe au bar de l’hôtel d’Oykel Bridge pour boire un café et une bonne soupe. Hanna est italienne, des Dolomites, et est à nouveau super étonnée quand je lui demande si sa langue maternelle est l’allemand. Apparemment pas grand monde ne sait que dans sa région, les habitants parlent allemand… Elle ne parle même pas un mot d’italien. Elle me demande comment je sais ça ? Je ne sais pas quoi lui répondre, à part que peut-être qu’avec le catalan et l’espagnol je suis plus sensibilisé au sujet.

Lorsque je veux payer mon brownie au serveur qui vient d’arriver, je lui répète je-ne-sais-combien-de-fois le mot mais il ne me comprend pas… je finis par interpeler Hanna pour lui demander si on dit bien « brownie ». Elle me répond « oui oui, un brownie ». Sur quoi le serveur réagit : « ha, un brownie ! ». Purée, je dois vraiment avoir un sale accent 🙂 Peu après mes 3 colocataires du bothy arrivent, tout le monde se retrouve au chaud ici.

Au chaud dans un abri de pêcheur

Je me lance ensuite et le temps est vraiment horrible : pluie, froid, bourrasques de vent… au bout d’une heure je croise une cabane de pêcheurs fort sympathique où je me pose pour manger un bout tranquille. Que du bonheur. Je repars ensuite sous ce temps pourri et recroise Hanna dans une autre cabane de pêcheur. Le temps ne se calme pas, et je plante ma tente sous la flotte peu après le Loch Ailsh, quand je trouve un coin d’herbe non marécageux, protégé du vent par la forêt. Ça souffle sévère, et la pluie tombe bien, je suis hyper bien à l’abri dans ma tente !!

Rivière Oykel, riche en saumons
Loch Ailsh